Août 2017 – Tibet, Tirthapuri et royaume de Guge

Nous venons de finir la kora mais le voyage n’est pas terminé. En bon pèlerins, nous continuons vers Tirthapuri et en bons touristes, on poursuivra la route jusqu’au royaume de Guge. Entre des sources chaudes devenues ruisseau et une journée d’immobilisation présidentielle, nous ne sommes pas au bout de nos surprises dans ce voyage !

J10 la suite : de Darchen à Tirthapuri

Après le déjeuner, c’est reparti. La kora est déjà derrière nous, comme un rêve, et l’on continue plein ouest, aux confins du Tibet.

au loin, on devine l’entrée de la kora du Kailash (qui lui se cache dans les nuages)

Nous avions demandé un petit détour vers Gurugyam et Khyungkhlung. Si, pour le premier, on sent que nous sommes encore dans une zone de flou, Khyungkhlung si proche nous restera inaccessible. Le secteur est fermé aux étrangers et nos accompagnants ne veulent pas prendre de risque. Nous n’avons pas trop de mal à les comprendre car même la route jusqu’au petit village en bas du monastère de Tirthapuri nous est fermée et nous devons dormir dans un de ces hôtels en béton neufs et déjà délabrés à l’entrée du site. Une pancarte publicitaire annonce fièrement “bathroom and hot shower” mais, si des salles de bain ont bien été construites au rez de chaussée avec l’intention bienveillante de les raccorder aux sources chaudes, point d’eau au robinet.

Il faut dire que la source chaude est sérieusement tarrie. Les bassins sont vides et seul un ruisseau fumant le long de la route offre ses eaux bienfaitrices aux pieds endoloris des pèlerins. Autant dire que pour la douche c’est raté !

Pour les plus motivés, on profite de notre fin d’après-midi libre pour parcourir la kora du coin. Passage en hauteur avec de belles vues sur la plaine, puis on se balade entre les vieilles stupas et… au milieu des travaux.

Tirthapuri Tirthapuri On rentre à temps pour envisager un brin de toilette avant le dîner. Et nous voilà en short à patauger dans le ruisseau. Nils se lave au bord de la rivière tandis que je tente de sermonner un couple qui fait sa lessive dans l’eau à grand renfort de lessive chimique alors que des enfants (et Nils) se baignent en contre bas.
Peine perdue. Du coup, je me place en amont et tente un rinçage de cheveux en règle, qui fait bien rire les amis et fait plaisir aux moustiques qui me dévorent avec férocité  (oui, nous sommes à 4000m d’altitude et ça pullule de moustiques, allez comprendre).

TirthapuriLe dîner est épique. Il se transforme assez vite en débat philosophique multi-langues tandis que les cuisinières chantent à tue tête et qu’un groupe de tibétains joue aux dés ponctuant toute action par des cris guturaux.

On se couche tard mais heureux.

J11 Tirthapuri – Thöling – Zanda Guge Kingdom

On visite le monastère au petit matin puis on reprend la route direction le royaume de Guge.

Tirthapuri
un monastère tout beau, tout propre

Multiples pauses photo en chemin car plus l’on se rapproche, plus les paysages sont splendides jusqu’au feu d’artifice après le dernier passage de col  : des concrétions calcaires à perte de vue, un paradis troglodyte avec la chaine himalayenne en fond. Splendide.
royaume de GugeOn y plonge par une gorge sinueuse quand se dessine au loin Thöling, ville…. sinisée.
Il semble difficile d’envisager lieu plus reculé et les ravages de la frénésie constructrice chinoise semblent encore plus hérétiques ici qu’ailleurs.
Notre guide n’était pas venu ici depuis 6 ans et son visage se ferme au fur et à mesure.
On commence par l’enregistrement au centre de police puis déjeunons dans une superbe guesthouse où on aurait bien passé la nuit.

Puis visite du monastère. C’est un grand mot car seules quelques chapelles secondaires sont accessibles, au grand dam de notre guide. Le reste du site est en travaux et interdit aux étrangers. Du coup ça va assez vite.

L’environnement a beaucoup changé. Entre des constructions à l’insertion paysagère hasardeuse qui ont entouré cette “magnifique stupa ancienne perdue dans le désert ” dixit notre guide de 2009, ou le parc “à la chinoise ” orné de mobilier urbain sportif violet fluo… on s’inquiète sérieusement pour la suite.  Nous n’osons pas trop traîner au milieu des travaux pour aller voir les stupas et reprenons donc la route direction Zanda.


Check-point pour changer, mais cette fois le guide ne revient pas tout de suite et quand il revient, son légendaire sourire qui en avait déjà pris un coup a fini de disparaître totalement. Le président arrive demain, pas de visite possible. Ach so…
Coup de fil à l’agence, discussion au check point, une ouverture se fait : on peut passer mais il faut visiter ce soir (il est déjà 18h), demain nous ne pourrons ni repartir ni visiter et après demain l’heure autorisée de départ est incertaine. Soit. Go go go !!!

Le chauffeur passe en mode rallye, on book la guesthouse en coup de vent et c’est au pas de course que l’on atteint l’entrée du royaume de Guge pour passer avant la fermeture. Toujours à bon rythme on file vers le sommet mais peine perdue, tous les temples sont déjà fermés. Ça ne nous empêche pas de profiter de la beauté du lieu et quand le ciel nous gratifie d’un immense arc en ciel sur fond de coucher de soleil, c’est l’apothéose. Dans notre malheur on a une sacrée chance quand même.

royaume de Guge royaume de Guge royaume de GugeOn redescend à la nuit tombée mais le guide ne s’arrête pas là, il veut absolument nous montrer une grotte secrète pleine d’ossements de soldats emmurés à l’heure de la chute du royaume, il y a environ 3 siècles. Errance à la frontale dans les canyons, suivis d’un groupe de jeunes chinois en vacances (ce détail prendra toute son empleur le lendemain) avant de trouver la bonne direction. Le site s’est beaucoup développé en 6 ans et ce lieu secret fait aujourd’hui l’objet d’un parcours fléché qui, une fois trouvé, a simplifié la visite.

royaume de GugeOn arrive donc fort tardivement à l’auberge. Au se met au lit dans notre dortoir de 8, demain c’est grasse mat. On pensait avoir le lieu pour nous tous seuls, mais nos collègues chinois nous on suivi. On espère qu’ils sont sympas.

J12 Guge Kingdom

La journée est placée sous la devise “take it easy”. On n’a pas le droit de sortir alors ça sert un peu de pause technique et, objectivement ça tombe très bien car nous sommes tous un peu fatigués. Au programme donc : grasse mat, lessive et douche pour tout le monde ! Oui vous avez bien lu, douche 🙂 Certes le pommeau de douche est au-dessus des toilettes turques mais on n’a pas dit non plus qu’on était dans un 4*.

On a un peu perdu le guide qui flirtouille tranquillement (sous les regards outrés de la gente féminine du groupe qui, solidarité féminine oblige, s’insurge pour sa fiancée) mais on est grands et on fait notre vie. On laisse passer les heures chaudes entre sieste et papotage et on se motive en fin de journée pour une exploration des environs à l’opposé du royaume de Guge, zone sensible en ce jour de visite présidentielle.
Le premier groupe a des difficultés à sortir du village. En effet, le village tout neuf avec des rues bien perpendiculaires est cerné de murs et la police barre la rue principale qui permet d’entrer et de sortir. Qu’à cela ne tienne, on repart en formation groupée direction des petites portes secondaires. Bon, je ne vous dirai pas que nous n’avons enjambé aucun muret, ou traversé aucune zones de ronces buissonnantes mais n’empêche on est arrivés au bord de la rivière. 

Il en faut peu pour s’amuser 🙂

Une petite balade fort sympathique et une magnifique lumière de fin de journée. On pousse un peu plus loin avec Nils et passons en mode commando pour le retour car nous n’arrivons pas à retrouver le chemin pris à l’aller. On traverse des champs, grimpons des murets, nous faufilons entre des barbelés, et ouvrons de l’extérieur le loquet intérieur d’une des portes d’enceinte. On est quand même soulagés d’être de nouveau dans les murs et de n’avoir causé de soucis à personne !


A l’auberge, l’après-midi est allée bon train et un de nos collègues chinois semble avoir un peu trop forcé sur l’apéro. Cela se confirme au dîner car ses compagnes de voyage sont demandeuses d’un lift à Shigatse car elles ont un train dans 2 jours et craignent que leur co-voitureur/chauffeur ne soit pas en état de prendre la route le lendemain. D’abord suspicieux au vu des manoeuvres de séduction de la journée, tout doute s’éteint quand des éclats de voix éclatent dans la pièce voisine. Le jeune homme tente littéralement d’agresser une des deux jeunes filles. Les hommes du groupe (nos héros) s’interposent, le chinois éméché casse un carreau…
La soirée tourne en drame de série B. Une histoire de coeur malheureuse, un homme saoul, des cris, des coups… On commence par garder les filles dans notre chambre, on en vient même à bloquer la porte avec un lit. La police a été appelée mais mets 2/3 heures à arriver. Les voix s’élèvent jusqu’à 1h du matin, sachant qu’il est prévu un départ à 4h le lendemain pour passer avant la fermeture de la route…
On s’endort fatigués avec le plus sanguin d’entre nous qui continue à ressasser “non mais quand même, si on l’avait assommé on n’aurait plus eu de problème !”. Une chose est sûre, on embarque les deux chinoises avec nous demain.

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