Septembre 2014 : un mois dans le Kham
A la faveur d’un mail de voyageur, je me suis rendue compte que l’exercice de la synthèse pouvait être utile et pratique. Après le résumé d’un été 2016 en Amdo, voilà donc le résumé de notre itinéraire d’un mois dans le Kham (principalement Sichuan et un peu de Qinghai) en septembre 2014 pour que vous puissiez vous y retrouver plus facilement.
C’était notre deuxième voyage en Chine après 2 semaines et demie au Yunnan en 2013, une plongée de toute beauté sur le plateau tibétain !
- J1 et 2 Chengdu : organisation et repos
- J3 Chengdu – Kangding : des pandas et un long trajet en bus
- J4 Kangding : balade dans les hauteurs et acclimatation
- J5 Kangding – Tagong
- J6 Tagong – balade à pieds dans les grasslands jusqu’à la nonnerie de Gyergo
- J7 Tagong – Gandze
le récit ici - J8 Gandze : balade au monastère
- J9 Gandze – Yachen et kora
- J10 Yachen (visite le matin)- Pelyul
- J11 Pelyul (visite le matin) – Katog (visite)
le récit ici - J12 Katog – Dzongsar/Gyalgen (village derrière Dzongsar)
- J13 Dzongsar : rando Dzongsar – Gyalgen Chutak
- J14 Dzongsar : rando Gyalgen Chutak – Taksang
- J15 Dzongsar : rando Taksang – Dhoupu valley
- J16 Dzongsar : rando Dhoupu valley
- J17 Dzongsar : rando Dhoupu valley – Changgu retreat center et retour à Dzongsar
- J18 Dzongsar : balade au village
- J19 Dzongsar : rando Pema Shelpuk
- J20 Dzongsar – Dege
le récit ici - J21 Dege : visite imprimerie et monastère
- J22 Dege – Yilhun Lhatso
- J23 Yilhun Lhatso – Dzogchen
- J24 Dzogchen : montée aux ermitages et aller-retour au Sheshen Gompa
- J25 Dzogchen – Yushu
le récit ici - J26 Yushu : Gyanak Mani et organisation
- J27 Yushu – Sershu et kora
- J28 Sershu (visite Bage Mani) – Yushu
- J29 Yushu : Leba vallée, Nambanandze temple
- J30 Yushu – Xining !
la fin du récit ici
Un voyage incroyable mais aussi marqué par un sentiment de “c’est le début de la fin”. Peut être parce que c’était notre première approche des contrées tibétaines.
Si je devais garder quelques moments forts :
- les quelques heures passées dans le magasin de thé de Chengdu à goûter chaque type de thé selon un cérémonial bien huilé, avec sur la table d’énormes grillons en cage, chantants et plutôt beaux d’ailleurs !
- la balade à Tagong : un lieu facile, une guesthouse charmante, une rando en liberté dans un paysage si vaste pour arriver sur un grand mur de mani, ses tailleurs de pierre, et un festival en cours avec des fleurs partout. Une entrée en matière parfaite ! Non sans compter la statue du Jowo au temple principal, dont l’histoire dit qu’il s’agit d’une copie du Jowo de Lhassa, qui a été faite car ce dernier était devenu si lourd arrivé à Tagong qu’il était devenu impossible de le déplacer et qu’il n’a retrouvé son poids normal qu’après confection et installation de sa copie dans le temple.
- les deux couples d’amis chinois qui nous ont pris en stop à Tagong, deux voitures, un de nous dans chaque voiture et un talkie walkie pour communiquer !! Ils ont aussi failli nous faire faire demi-tour pour des problèmes de prononciation (après 1/2h de route : “vous allez où déjà?” “à Gandze”, “mais c’est de l’autre côté” “talkie walkie : mayday mayday, nous nous sommes mal compris” “non non, je vous assure, on va bien dans ce sens là ! Hum… tentons de trouver un autre nom plus prononçable : Luhuo?” “ah oui, c’est bon, c’est bien ça” ouf !)
- les recherches vaines à Gandze des adresses du lonely (de la guesthouse au restaurant en passant par l’adresse de gare routière !) tout change trop vite ici.
- la cérémonie au monastère de Gandze, où, en nous abritant de la pluie dans le monastère, on se retrouve partie prenante de l’initiation en cours !
- le site de Yachen, un lieu complètement unique en son genre (avec peut être Sertar que je ne connais pas). Mes premières frayeurs de chiens errants, un moine qui nous escorte avec son bâton après nous avoir retenus de quitter la gargotte locale de nuit seuls et sans arme contendante (!), une jeune chinoise qui coupe court à la conversation, le tenancier de la gueshouse qui me houspille vertement après que je suis sortie au petit matin direction les latrines sans ma barre de fer (et revenue en courant aussi sec dès que les chiens se sont mis à aboyer…), ces milliers de nonnes au milieu d’un bidonville avec un sourire si radieux, ces mini huttes de méditation qui parsèment la colline… un endroit hors norme qui ne peut pas laisser indifférent. Une belle leçon de motivation aussi.
- le site de Katog : grandeur et décadence… un écrin, des chapelles incroyables et ce projet de construction en cours qui semble aussi titanesque qu’ubuesque…
- la randonnée autour de Dzongsar et ses ermitages. Un énorme coup de coeur, un coin reculé et préservé, authentique. Mais les travaux sur la route annoncent un désenclavement proche. La nonne qui va dormir chez sa grand-mère pour nous laisser son ermitage pour la nuit, ma tentative de compote à base de prunes qui ne convaint pas franchement ni notre guide ni le horseman, le moine qui nous propose une eau chaude au beurre rance, mélangée énergiquement dans un bidon en plastique, la hutte de semi-nomades où notre guide nous arrête pour une longue pause (alors ta femme? tes enfants, tes yacks?…) et un yaourt après à peine 1h30 de marche le premier jour, les villageois qui nous proposent de passer prendre le thé en repartant du Changgu retreat center, tous les habitants du mini village de 3 maisons en redescendant de pema shelpuk en pleine circumnambulation autour de l’arbre central de leur hameau à l’heure du mani qui nous vaut une bonne séance photo, plusieurs traces dans la boue de pied humain de la taille de celle d’un yéti et une maison de nomade saccagée de l’intérieur comme par un démon, un des plus grands vertiges de ma vie sur les pentes d’un chemin de chèvre vers Pema Shelpuk…, le rassemblement au Changgu retreat center où nous avions fait figure d’attraction en attendant l’arrivée du rinpoché, la douche dans la rivière après 5 jours de trek, sous les yeux médusés de nos hôtes. “where can we wash?” “what do you want to wash?” “our body…” “we don’t do that… or maybe when we are in town in Dege…” “ok… where is the closest river?” “there… but it is very cold!!!”
- camper au bord de Yilhun Lhatso : s’endormir et se réveiller seuls face à tant de beauté. Magique mais possible pour combien de temps encore?
- faire du stop sans connaître ni les routes, ni les distances, se faire bercer par les chansons romantiques tibétaines, se faire secouer comme des Orangina sur des routes défoncées plusieurs heures d’affilée, marcher 1/2h sous la pluie parce qu’on n’a pas trouvé le minibus pour se faire ramasser par lui en chemin, monter dans des vans à la déco digne d’un bollywood, se caler entre 2 sacs de farine, et s’installer tout confort dans des 4*4 rutilants !
- la guesthouse de Dzogchen et son gardien. Une ambiance plus qu’étrange pour un lieu aussi en cours de transformation radicale, ce bâtiment neuf mais déjà délabré au milieu d’un monastère en travaux, ce gardien immense et bourru, et pourtant ces ermitages accrochés à la falaise où la tradition demeure…
- croiser Mathieu Ricard à Sheshen “bonjour, vous êtes français?” “Bonjour, vous êtes Mathieu Ricard??”
- apprendre à Yushu que le Bage Mani que nous cherchions était à côté de Sershu, à quelques 4h de route défoncée de là, que l’on venait de parcourir dans l’autre sens…
- ma plus grande frayeur de meutes de chiens errants à Sershu qui arrêta tout net la visite pour se réfugier dans la sécurité de la guesthouse, après avoir parcouru la deuxième moitié de la kora accrochée au bras d’un tibétain qui n’avait rien demandé…
- trouver le Bage mani, au milieu de nulle part, faire un tour, puis deux pour reprendre les photos, puis trois parce que quand même, ce serait dommage…
- faire des acrobaties pour se faufiler dans un trou dans la roche pas très loin du Nambanandze temple parce que c’est la tradition
- prendre un bus de nuit qui sent des pieds et qui s’arrête au milieu de la nuit avec des lumières bleus et de la musique disco : quoi, on sort en boîte c’est ça?
Depuis, les routes se sont semble-il grandement améliorées (les travaux doivent être finis). Pour combien de temps encore ces régions resteront sauvages, je ne sais pas mais sans aucun doute, ce sont des lieux hors du commun.
Voilà pour les détails…. et pour équilibrer avec le récit de notre voyage en Amdo !
Bon voyage aux prochains 😉
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